La 85ème édition du Rallye Monte-Carlo s’est achevée sur la victoire de Sébastien Ogier et Julien Ingrassia (voir photo ci-dessus). Chaque année, l’épreuve est impatiemment attendue pendant l’intersaison chez les pilotes et les spectateurs. Pour autant, ces derniers n’ont pas pu s’empêcher de s’inquiéter pendant la trêve. La neige sera-t-elle au rendez-vous ? Les commissaires et gendarmes seront-ils conciliants ? Retour sur l’édition 2017.

Un plateau limité mais de qualité

Soixante-treize partants à Monaco, jeudi 19 janvier. Un chiffre en baisse depuis les deux dernières années, que les nouvelles WRC 2017 auront réussi à faire oublier. Attendus depuis plus d’un an, ces nouveaux monstres n’ont pas déçus. Carrosserie plus large, moteur turbo approchant les 400 chevaux, cette nouvelle génération rappelle la mythique période du Groupe B aux plus anciens, et ouvre une nouvelle ère aux plus jeunes. Malgré le retrait de Volkswagen et l’arrivée de Toyota, le jeu des bacquets musicaux n’aura pas été très mouvementé. Hyundai et Citroën sont restés sur leur lignée 2016. Toyota, et leur patron Tommi Makinen, auront réussi à convaincre Jari-Matti Latvala de les rejoindre pour une nouvelle aventure à bord de la Yaris WRC. Quant à M-Sport, Malcolm Wilson aura su attirer le plus gros poisson en la personne de Sébastien Ogier, quadruple champion du monde en titre.

Grand absent dans la catégorie reine, Andreas Mikkelsen. Après le retrait de son employeur allemand, le norvégien s’est retrouvé sans volant officiel, excepté celui de Skoda en WRC2. Nul besoin d’expliquer la domination du grand blond, septième scratch et premier R5, devant son coéquipier Jan Kopecky. La catégorie R5, par ailleurs, fut grandement représentée avec un tiers des voitures engagés au total. Les pilotes officiels, les champions en titre et les anciens champions se comptent par dizaines. N’oublions pas les légendes François Delecour (Abarth) et Romain Dumas (Porsche) dans la catégorie RGT. Ce ne fut pas le plus beau Monte-Carlo quantitativement parlant, ce fut en revanche un bon cru sur la qualité des pilotes présents.

L’ambiance persiste… mais pas partout

La volonté de la FIA de sécuriser les bords de spéciale aura effrayé plus d’un spectateur peu avant l’épreuve. L’apparition des panneaux « No public », qui semblaient pousser comme des champignons, fut beaucoup parler sur les réseaux sociaux. Sur place, la donne fut différente. Un Monte-Carlo reste un Monte-Carlo, à savoir des placements plus libres que sur d’autres épreuves. L’inquiétude retomba dès les premières minutes de course, où le spectateur retrouva sa liberté, à condition d’être en dehors des zones publiques, surveillées par les forces de l’ordre et les commissaires. Ce réglement des « ZP », né fin 2013, tue l’essence même du rallye sur le compte de la sécurité. L’image du mythique col du Turini, submergé par les bleus, pincerait le coeur de n’importe quel amoureux de la discipline.
La liberté sur les épreuves devrait être un droit pour le spectateur, à condition d’en connaître les risques. Le jeudi soir, un photographe espagnol décéda suite à l’accident de la Hyundai pilotée par Hayden Paddon. Cruelle piqûre de rappel à tous les passionnés : le rallye reste une discipline dangereuse. Cela n’a cependant pas calmé l’enthousiasme des nombreux spectateurs, venus des quatre coins du monde, dans une chaude ambiance faite de chants, de drapeaux, de fumigènes et feux d’artifice la nuit. Le rallye doit rester une fête.

Une épreuve dépendante de la météo

Un Monte-Carlo sans neige, cela s’est déjà vu. Malheureusement. En 2017, les dieux du ciel nous ont accordé une grâce, en saupoudrant les spéciales des précieux flocons blancs. Le spectacle s’est tout de suite fait ressentir. Des voitures en dérive, des pilotes jonglant de contre-braquage et de freinage pied gauche sur des kilomètres. La fonte des neiges l’après-midi, après la première boucle, aura aussi rendu la conduite plus délicate, entre des portions sèches, d’autres humides, d’autres encore verglacées. C’est ce que nous attendons d’un bon Monte-Carlo. Des changements de revêtements, le rôle important des ouvreurs (Kris Meeke pourra vous en dire autant), le casse-tête des pneus. Sans la neige, le Monte-Carlo revient un rallye asphalte banal, ennuyeux. Ce ne fut pas le cas cette année, pour notre grand bonheur.

Ce millésime, du point de vue sportif, aura été bon. Sébastien Ogier, dans sa nouvelle équipe M-Sport, l’a emporté mais n’a pas dominé. Ott Tanak a été héroïque pour préserver son podium lors du dernier jour suite à un problème mécanique. Thierry Neuville a démontré tout son talent à bord de la Hyundai, jusqu’à une légère faute chèrement payée. Jari-Matti Latvala ne pouvait rêver mieux pour les débuts de la Toyota. Seul Citroën aura déçu. Kris Meeke n’aura pas été en mesure de jouer aux avants-postes (une sortie le vendredi et un accident sur la liaison le samedi), tandis que Stéphane Lefebvre n’aura été dans le coup que le dimanche.
Depuis le bord de la route, tout ce que l’on pouvait attendre d’un rallye Monte-Carlo se réalisa. Tâche à 2018 d’en faire de même.

Résultats complets